Décès de Jean Perrotin, doyen de l’ASSORV

Oct 14, 2020

Bich Hai son épouse, Jeanne Leprince sa soeur et toute la famille ont la tristesse de vous annoncer le décès de Jean Perrotin, doyen de l’ASSORV, le samedi 10 octobre 2020 à l’âge de 92 ans.

Jean était un membre actif de l’association depuis 2002, présent à tous les voyages humanitaires avec les parrains et marraines, ainsi que dans les fêtes en France et aux Etats-Unis au profit des orphelins de Hoa Mai qui le considèrent comme leur papy.

Suivant sa dernière volonté, les fleurs et couronnes sont remplacées par des dons à l’association, au profit des orphelins du Vietnam.

Samedi 10 Octobre 2020, Jean Alphonse Perrotin, le doyen de l’Association de Soutien aux Orphelins du Vietnam tirait sa révérence, le moteur trop usagé pour continuer la route à 92 ans.
A l’hôpital, ma main dans sa main, je l’ai accompagné, ce grand voyageur jusqu’au bout du chemin, baignés par le chant sacré tibétain du pays des montagnes enneigées.

Toujours curieux, l’esprit voyageur ouvert sur la splendeur de l’univers, il tenait à partir le premier en éclaireur vers le pays mystérieux du royaume de l’au delà.
Maintenant, il est serein, libéré de son fardeau de douleurs d’une vie trop bien remplie.

Trois heures avant son départ vers l’autre rive, l’esprit déjà dans la brume, il m’a demandé l’heure. Ce collectionneur de pendules et de montres, né entre deux guerres dans le « bas de l’ Aisne » vers Château Thierry, pays de La Fontaine, était obnubilé par le mécanisme du temps qui passe. C’était un ingénieur fou de la mécanique, des inventions nouvelles, de tout ce qui bouge, de l’automobile au bateau, aux motos, au vélo, mais aussi de l’art et de la littérature. Il était avide de connaissance.

Il avait une culture universelle, amateur d’art et défenseur des artistes. C’était mon grand mécène. Il m’a fait découvrir l’art et la liberté.

Jean était fier d’appartenir à la grande école des Arts et Métiers créé par le duc de Larochefoucauld Liancourt, école ouverte à tous les enfants éveillés de toutes les classes de la société issus des provinces éloignées de France et de Navarre. Lié à la formation technique, aux ateliers de mécaniques, l’école forme des constructeurs de grande envergure, leur donnant en plus, par des rites et coutumes l’esprit d’union et une grande fraternité. D’ailleurs, c’est à partir de notre retour du Vietnam en janvier qu’il a eu le choc de perdre son meilleur ami et camarade Marc Leprince, et depuis, s’est laissé glisser, ne trouvant plus sa place dans le confinement.

Ancien combattant, capitaine rappelé en Algérie, puis ingénieur au Vietnam au Chantier et Atelier Réuni d’Indochine nommé la CARIC au début des années soixante ; Il travaillait dans la construction des bacs qui relient les rives des grands bras du Mékong, comme dans le film l’Amant de Marguerite Duras. Il habitait une villa française derrière le lycée Marie Curie à Saigon. Pour les jeunes lycéennes c’était un bel homme, un personnage de roman, un acteur de cinéma qui ressemblait à Sean Connery. Se dégageait de lui la force, un esprit érudit et moqueur. Là, il trouva son pays de cœur.

 

Arrivé dans l’Yonne il fut le directeur technique des établissements Nicolas et a créé entre autre « l’Automas » le véhicule de transport exceptionnel à la quarantaine de roues, originale par la suspension hydraulique, des remorques porteuses de fusée, de masses indivisibles. De ce fait, Jean a pu sillonner le monde du Nord de l’Amérique jusqu’en Afrique du Sud, de l’Occident à l’Orient.

 

En 1970 nous nous sommes installés à Saint-Bris-le-Vineux où il a été élu adjoint au maire, habitant dans la maison de nos rêves, entourée d’arbres et de vallons paisibles sillonnés de vignobles à perte de vue. Soucieux de protéger la nature, il adoptait déjà une philosophie basée sur le respect de la terre et faisait replanter des arbres. Ecolo avant l’heure, nous vivions en autonomie avec potager, élevant des poules, lapins, cailles, pintades et canards. Il partait au travail chaque matin en vélo, laissant ses voitures anciennes à la maison au chaud .

 

Avec le docteur Tardieu et sa nouvelle équipe, il a travaillé pour la restauration de l’orgue et de l’arbre de Jessé. C’était pour lui une belle mission de transmettre un patrimoine en état pour l’histoire de Saint Bris. Au moment de sa retraite, nous partagions notre temps entre la France et la Californie, où il faisait replanter encore une fois les arbres à côté de la réserve indienne, mais Saint Bris restera son port d’attache jusqu’à la fin de ses jours.

 

Jean avait un esprit frondeur, critique, érudit et moqueur qui faisait de lui un être de caractère qui secouait les institutions. Mais son besoin de justice et sa générosité envers les êtres démunis est sa vraie nature. Son signe était gémeaux avec ses contradictions et ses grands paradoxes.

 

Depuis 20 ans, chaque année il partageait avec le groupe humanitaire de beaux voyages pour construire des écoles pour les enfants des ethnies des montagnes vivant dans les lieux perdus, creuser des puits sur les hauts plateaux sans eaux, sans oublier les orphelins du delta Mékong et des Plateaux du Centre du Vietnam.

 

Pour eux, il restera toujours le grand-père qu’ils vénèrent.

 

C’était un homme hors du commun, un homme vrai l’esprit ouvert en osmose avec son temps. Jean m’a donné le plus beau cadeau, une belle leçon d’Amour avec un grand A.

Tô Bich Hai