L’histoire des frères « Superman » à Hoa Mai Can Tho
Ils sont cinq garçons de 8 à 16 ans. Ils avaient laissé leur grand père et les 3 autres frères dans leur maison au milieu de la campagne, pour venir à Hoa Mai Can Tho demander un accueil.
Le père est décédé après une maladie non soignée, leur mère a trouvé un poste dans une usine à trois cents kilomètres de là, en visant un salaire suffisant pour toutes ces bouches de la campagne. Mais la ville a ses exigences, et le salaire envoyé à la campagne se fait rare, et les huit enfants sont perdus avec leur grand père.
En rang horizontal, ils se trouvent bien timides dans le bureau de la directrice.
Le plus grand, Tran van Chac, a 16 ans, le plus jeune, Ut a 8 ans. Entre eux, Tran van Thiet, puis des jumeaux Tâm et Dac.
On leur demande si les documents scolaires ont été transférés, les cinq garçons secouent la tête.
Ils ne sont jamais allés à l’école.
En 2019, pour la première fois, ils ont revêtu un uniforme, endossé un cartable, et mis des chaussures. Et la première fois aussi les mains apprennent à prendre un crayon, ouvrir un cahier, un livre, et découvrent les lettres et les chiffres. On verra à la fin de l’année leur effort réel pour savoir faire une lecture, tellement dur quand on a 17 ans et en CP avec les petits.
Dans l’orphelinat de Can Tho, ils retrouvent leur campagne avec les plantations de citronniers, de bananiers, et les rangs de laitues dans le potager. L’étang leur offre des jours de barbotage quand on attrape les poissons pour la cuisine.
Je me demande si ces 5 frères ont plus de chances que les 3 qui restent avec le grand père, étrangers au monde de l’instruction. Je sais qu’on ne peut exiger d’eux des diplômes et des certificats, mais que savoir lire, écrire, compter déjà pour eux, leur éviteront de ne rester qu’à la position des bras qu’on loue et exploite et qui ne sauraient jamais revendiquer leur droit.
Les cinq frères à leur arrivée
A la satisfaction de la directrice qui distribue des tableaux d’encouragement.